Parce que parfois les mots sont impuissants.
mardi 15 décembre 2015
jeudi 5 novembre 2015
Cocteau
Il était naturel qu'à mon secours j'allasse
puisque vos bras furent trop courts
puisque vos pieds restaient enracinés sur place
lorsque j'appelais au secours
A mon propre secours il me fallut me rendre
me tirer des sables mouvants
répondre à des appels que vous refusiez d'entendre
monde égoïste des vivants
Naïf, j'étais naïf car cette glaise lourde
où mes membres se trouvent pris
faisant l'oreille habile à feindre d'être sourde
évite d'entendre mes cris
--
Bafoué dans ma rectitude
insulté par mon univers
j'ai respecté la seule étude
de tenir debout à l'envers
d'être debout si je me couche
d'éviter vos mornes chemins
et ma plume imite les mouches
lorsqu'elles se frottent les mains
--
Dans le cœur de quelques amis
j'ai su me bâtir un refuge
sous sa robe rouge de juge
le monde ne m'a pas admis
astre double de ma naissance
vous mêlez mon âme à ma chair
et vous me fîtes payer cher
le crime de mon innocence.
Aragon
Il y a des choses que je ne dis à Personne Alors
elles ne font de mal à personne Mais
le malheur c'est
que moi
le malheur le malheur c'est
que moi ces choses je les sais
il y a des choses qui me rongent la nuit
par exemple des choses comme
comment dire comment des choses comme des songes
il y a des choses qui me sont tout à fait
mais tout à fait insupportables même si je n'en
dis rien comprenez comprenez moi bien
alors ça vous parfois ça vous étouffe
regardez regardez moi bien
regardez ma bouche
qui s'ouvre et se ferme et ne dit rien
pensez seulement d'autres choses
songez à voix haute et de moi
mots sortent de quoi je m'étonne
qui ne font de mal à personne
au lieu de quoi j'ai peur de moi
de cette chose en moi qui parle
je sais bien qu'il ne le faut pas
mais que voulez-vous que j'y fasse
ma bouche s'ouvre et l'âme est là
qui palpite oiseau sur ma lèvre
o tout ce que je ne dis pas
ce que je ne dis à personne
le malheur c'est que c'est en moi
parfois je me le dis parfois
il vaut mieux parler que se taire
et puis je sens se dessécher
ces mots de moi dans ma salive c'est là le malheur pas le mien
le malheur qui nous est commun
épouvante des autres hommes
et qui donc t'ait donné la main
étant donné ce que nous sommes pour peu que tu l'aies dit
cela ne peut prendre la forme
cela qui t'habite et prend forme
tout au moins qui est sur le point
qu'écrase ton poing
et les gens que voulez-vous dire
tu te sens comme tu te sens
bête en face des gens qu'étais-je
qu'étais-je à dire Ah oui peut-être
qu'il fait beau qu'il va pleuvoir qu'il faut qu'on aille
où donc même cela c'est trop
et je les garde dans les dents
ces mots de peur qu'ils signifient
ne me regardez pas dedans
qu'il fait beau cela vous suffit
je peux bien dire qu'il fait beau
même s'il pleut sur mon visage
croire au soleil quand tombe l'eau
les mots dans moi meurent si fort
qui si fortement me meurtrissent
les mots que je ne forme pas
est-ce leur mort en moi qui mord
le malheur c'est savoir de quoi
je ne parle pas à la fois
et de quoi cependant je parle
c'est en nous qu'il nous faut nous taire.
elles ne font de mal à personne Mais
le malheur c'est
que moi
le malheur le malheur c'est
que moi ces choses je les sais
il y a des choses qui me rongent la nuit
par exemple des choses comme
comment dire comment des choses comme des songes
il y a des choses qui me sont tout à fait
mais tout à fait insupportables même si je n'en
dis rien comprenez comprenez moi bien
alors ça vous parfois ça vous étouffe
regardez regardez moi bien
regardez ma bouche
qui s'ouvre et se ferme et ne dit rien
pensez seulement d'autres choses
songez à voix haute et de moi
mots sortent de quoi je m'étonne
qui ne font de mal à personne
au lieu de quoi j'ai peur de moi
de cette chose en moi qui parle
je sais bien qu'il ne le faut pas
mais que voulez-vous que j'y fasse
ma bouche s'ouvre et l'âme est là
qui palpite oiseau sur ma lèvre
o tout ce que je ne dis pas
ce que je ne dis à personne
le malheur c'est que c'est en moi
parfois je me le dis parfois
il vaut mieux parler que se taire
et puis je sens se dessécher
ces mots de moi dans ma salive c'est là le malheur pas le mien
le malheur qui nous est commun
épouvante des autres hommes
et qui donc t'ait donné la main
étant donné ce que nous sommes pour peu que tu l'aies dit
cela ne peut prendre la forme
cela qui t'habite et prend forme
tout au moins qui est sur le point
qu'écrase ton poing
et les gens que voulez-vous dire
tu te sens comme tu te sens
bête en face des gens qu'étais-je
qu'étais-je à dire Ah oui peut-être
qu'il fait beau qu'il va pleuvoir qu'il faut qu'on aille
où donc même cela c'est trop
et je les garde dans les dents
ces mots de peur qu'ils signifient
ne me regardez pas dedans
qu'il fait beau cela vous suffit
je peux bien dire qu'il fait beau
même s'il pleut sur mon visage
croire au soleil quand tombe l'eau
les mots dans moi meurent si fort
qui si fortement me meurtrissent
les mots que je ne forme pas
est-ce leur mort en moi qui mord
le malheur c'est savoir de quoi
je ne parle pas à la fois
et de quoi cependant je parle
c'est en nous qu'il nous faut nous taire.
Information adverse
Des choses et leurs contraires.
Leur négatif.
Des choses et d’autres
tout à fait différentes.
La boussole s’emballe, le curseur n’existe plus.
Si l’individu
lui même
ne connaît plus son centre, s’il est
perdu entre un état,
et un autre.
Comment
la somme
d’individus
peut-elle
avoir
une cohérence,
comment
peut-elle
vivre en cohésion ?
Comment
se
fait
la
cohésion ?
Peut-elle encore avoir lieu ?
Inondés d’informations.
L’Information
VS
la
Formation.
On sait
tout,
mais on ne se connaît
pas.
De la complexité de comprendre les morceaux de nous, et comment tout
s’agence.
Agences de presse,
multiplicité de voix.
Mais comment
cheminent
nos voies ?
Un camion poubelle
déverse
une tonne
de déchets.
Car l’information meurt en même temps qu’elle naît.
Et ces débris,
tournés contre nous,
jonchent
les rues et les chemins.
Nos petits pieds
butent
sur ces boites
de conserve qui dégoulinent encore de leurs anciens contenus.
La puanteur se répand,
elle
est absorbée
par
le moindre pore
en présence.
Tout
s’embrume,
et
cette fumée,
se disperse, vers un pôle, puis vers son opposé.
Information adverse.
Au fur
et à mesure
que notre peau la boit,
les pôles
s’enrobent.
Un beau jour, ce qu’il y avait au milieu a disparu.
Mais les pores sont toujours
là
qui absorbent et
boivent.
Notre contenant
se remplit à mesure
que les leurs se vident.
Viennent alors la nausée, la gerbe, l’implosion.
- H. A.
lundi 2 novembre 2015
Alep
En
fixant le vitrail de poussière,
la
cime du pavé
m’a
fait glisser.
Je
me suis alors endormie
pour
me retrouver à tes côtés,
dans
l’Alep des fantômes.
Sur
le tableau du corridor, une femme.
Sa
peau est diaphane,
des
lames de diamant
lui
ont tracé un sillon
de
perlées rouges
en
guise de rivière.
Ses
yeux reposent en paix.
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